« Je veux te raconter, ô molle enchanteresse,
Les diverses beautés qui parent ta jeunesse ;
Je veux te peindre ta beauté,
Où l’enfance s’allie à la maturité. »
Le Beau Navire – Charles Baudelaire
Au départ je ne voulais pas coller cette strophe, partant du principe que tout le monde doit (ou se doit) de connaître cette référence. Mais soudain je me suis rappelé de l’infecte médiocrité de ce monde enchaîné à Secret Story et j’ai brisé le sous entendu littéraire et ma tendance naturelle au snobisme intellectuel pour permettre à tout le monde de comprendre de quoi je parlais.
Ceci étant dit, je repose la question en titre: Où sont les molles enchanteresses ? Où sont ces femmes languides aux paupières noircies par trop de maquillage et dont les yeux mi-clos et le sourire énigmatique pouvaient enchaîner le cœur d’un homme depuis la pénombre d’un salon oriental? Où sont les odalisques à la nudité royale, les madones ingénues, les Angélique attachées et les fausses prudes aux regards de velours ?
Mais plus encore, où sont passés les hommes qui les aimaient ? Des hommes se pressant pour un sourire au chevet de leur fantasme, se battant pour une attention, déployant des trésors d’ingéniosité pour faire porter un billet et l’encre de son espoir à une dame de salon campée dans la toile de ses sous-entendus ?
Sont ils tous morts de se voir préférer les barbares velus et tatoués armés de leur vocabulaire limité et leurs manières de cosaque ? Sont ils tous morts de voir leurs aimées disparaître pour être remplacées par des princesses en plastique au raffinement bovin et au phrasé chevalin ?
Où sont les salons orientaux dont la chaleur n’avaient rien à devoir aux saisons, où sont les litanies et les tendres oraisons ?
Où me suis-je perdu ? Pourquoi me retrouvais-je à errer dans une version trash de la rue saint-denis, Où sont les alcôves et les rires furtifs…
Où sont les molles enchanteresses ?